formation VS apprenance

Je profite de la suite du compte-rendu des journées de Toulouse et de la table ronde qui avait pour sujet :
Quel avenir pour l'enseignement des bibs musicaux ?
(une fois de plus ce CR ne sera pas du tout objectif mais une occasion d'y intégrer quelques réflexions personnelles)
Cette table ronde réunissait un SCD, une BM, un centre de formation et un élu, c'était une bonne idée : écouter un élu raconter ses problèmes de recrutement, son rapport au métier, intéressant, car c'est un point de vue que l'on n'entend pas souvent, une autre vision de notre métier.
Le sujet est resté essentiellement centré sur la formation pré-concours, or j'ai l'impression que ce qui interessait le public dans la salle était plutôt la formation continue, domaine qui a été très peu abordé et comme l'a fait remarqué une personne du public, la formation aux nouveaux outils et au numérique n'a quasiment pas été évoqué non plus (car inexistante).

C'est vrai qu'avec une formation qui se réduit dorénavant à 5 jours après concours, les offres de formation déjà rares, ne vont pas fleurir. On risque de voir les journées thèmatiques organisées par les CRL et autres associations professionnelles continuer à proliférer.

Le temps a manqué pour engager le débat, car il y avait un vrai débat à avoir sur cette notion essentielle qu'est la formation musicale et les nouvelles technologies absentes des catalogues des organismes formateurs.
Comment se former aux nouvelles technologies autrement qu'en bidouillant ?
Comme tout le monde, je peste contre l'absence de formation à ces nouveaux outils, qui me permettrait un peu plus de professionnalisme et surtout de gagner du temps, au lieu de parfois passer trop de temps à bidouiller.


Et puis je suis tombée sur cet article : Pourquoi développer la formation informelle ?
Et si finalement ce bidouillage étaitla nouvelle façon de comprendre et de se former ? Même si elle met à (très) rude épreuve notre capacité à apprendre ? :
[...Lorsque la radio est apparue, il a fallut 38 ans pour atteindre 50 millions d’usagers, avec la « bonne vieille » télévision les 50 millions ont été atteints en 13 ans, pour l’ordinateur personnel (le PC) le même nombre a été atteint en 4 ans. Pour le téléphone portable, Google, Facebook et le Web 2.0 les rythmes d’adoption sont plutôt de l’ordre de l’année…]

[... Au delà de la motivation pour appréhender des connaissances sur des modes de plus en plus informels, il nous faut être actifs, être acteurs.... Ce modèle doit privilégier l’expérimentation, le fait « d’apprendre en faisant » (action learning), le e-learning, le mobile-learning, le micro-learning, le social learning, la formation informelle… en résumé les dispositifs multiples et les occasions d’apprendre...]
Et puis arrive ce néologisme qui à mon sens résume bien la situation actuelle :
L'alphanetisation
[... Ce terme traduit le fait qu’une partie importante de la population, les « analphanets » se retrouvent incapables d’une part de s’exprimer et d’apprendre en toute autonomie avec les nouveaux outils et d’autre part de comprendre les enjeux et les implications professionnelles et personnelles des évolutions technologiques et sociologiques.
Aujourd’hui, il apparaît que les institutions de la formation conçues pour la transmission de connaissances statiques en mode passif sont dépassées...]
Et là, j'ai le sentiment que nous sommes au coeur du problème : les organismes de formation qui ne suivent pas, les journées d'études sur le web 2.0 qui rencontrent un réel succès, je pense aussi aux groupes de travail qui se mettent en place, notamment celui de l'ABF sur les bibliothèques hybrides qui voudrait aider les collègues les plus défavorisés à s'approprier ces nouveaux outils. Serions-nous sur la bonne voie, même si nous avons la plupart du temps le sentiment de patauger lamentablement ? (OK on se rassure comme on peut ;-)
Cet article a le mérite non pas de proposer des solutions qu'il nous appartient de trouver, ou du moins d'en être les vecteurs mais d'éclaircir un peu les faits, pour arriver à cette autre notion :
[... De la formation, il faut passer à l’Apprenance. [L' auteur] résume ce concept en le comparant à l’apprentissage. Si l’apprentissage c’est l’acquisition de savoir-faire, l’Apprenance c’est :
• une démarche individuelle : une attitude, un comportement individuel par rapport au savoir qui va favoriser l’acte d’apprendre. Cette attitude est celle de l’anticipation, de l’ouverture, de l’humilité et de la motivation qui va permettre de s’adapter aux évolutions incessantes de notre environnement (technologies, globalisation).

• Une démarche collective : portée par le contexte social, environnemental et culturel qui favorise ou non le fait d’apprendre en continu de manière informelle et expérimentale, individuellement mais aussi et surtout à plusieurs et en communautés....]
Voilà ! y'a plus qu'à s'y mettre !
Un peu plus tous les jours, je crois que le web 2.0 est avant tout une philosophie, un état d'esprit communautaire, qui rassemble des réseaux (non sectaires) et que l'on doit veiller à ce que personne ne reste sur le bas-côté, je sais je suis naïve mais au risque de me répéter : on se rassure comme on peut, surtout à entendre certains propos (pas seulement de ce côté de l'Atlantique mais aussi chez nos cousins) : car si on attend avec impatience les "digitales natives" J'aimerais bien que l'on ne nous enterre pas trop vite, parce que en les attendant ces nouveaux biblothécaires, nous nous sommes encore là, nous les paléomigrants et autres analphanets !
Et pour un bon moment !

heu ! je crois que j'ai un peu digressé par rapport au compte-rendu ? ;-)



Commentaires

eric1871 a dit…
Excellent !
Evidemment, je suis tout à fait pour la formation informelle... On a entendu de beaux discours sur le recrutement de personnes qualifiées dans les bibliothèques, mais on sait bien ce qu'il en est en réalité. Nos tutelles mettent dans les bibs les gens qui veulent bien y aller, voire des reclassements pour raisons plus ou moins avouables... D'autres part, l'essor des médiathèques s'est fait à coup d'emplois aidés dans les années 80 et 90. Et si les CES et autres emplois jeunes ont disparus aujourd'hui, le renouvellement des générations peine à se faire...
Certes, c'étaient des emplois au rabais, et peu motivants, mais nombre d'entre ont mis le pied dans le métier par cette voie.
D'autre part, je me fiche bien qu'on nous forme aux nouvelles technologies (la technique, y'a des services pour ça), par contre, c'est la formation musicale qui manque : comment trouver une personne pour répondre aux questions sur la musique baroque, le jazz modal ou le rock progressif ?
amicalement
Anonyme a dit…
"Comme tout le monde, je peste contre l'absence de formation à ces nouveaux outils, qui me permettrait un peu plus de professionnalisme et surtout de gagner du temps, au lieu de parfois passer trop de temps à bidouiller."
Et bien moi aussi, et nous ne devons pas être les seules. Si on atteint la quinzaine de stagiaires volontaires, y'a pas moyen de trouver un organisme et un/des formateurs ?
En attendant le stage miracle pour en apprendre encore plus, je vais essayer de transmettre (via un stage cnfpt) à des collègues les quelques connaissances que j'ai acquises en bidouillant autour du 2.0
Sophie Bib a dit…
@ Eric : oui tu as raison, j'ai croisé beaucoup de gens compétents avec des connaissances incroyables en musique et qui une fois formés (sur le tas) auraient mérité mieux qu'un contrat précaire, mais c'est vrai que cela leur a mis le pied à l'étrier et je suis ravie quand je les croise de savoir qu'ils ont continué et sont parfois devenus titulaires.
@ Louise : je crois, hélas, que ce n'est pas suffisant : car même si le nombre est là, on se heurte de plus en plus à des collectivités qui rechignent à envoyer leur personnel en formation ailleurs qu'avec les organismes officiels et la réduction de la formation à 5 jours ne va pas arranger les choses. Bon courage à toi pour la transmission à tes collègues ;-)

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