mais non...

... Les internautes ne sont pas des autistes !

Notre réseau social est-il cognitivement limité ? un article d'Hubert Guillaud :


[... C’est ce que pensait l’anthropologue britannique Robin Dunbar lorsque, dans L’hypothèse du cerveau social (.pdf) il évaluait à 150 la limite cognitive du nombre de personnes avec lesquels un individu peut entretenir des relations stables. Or, selon le fondateur de Facebook que cite le blog du New Scientist, notre nombre d’amis sur ce site social tourne en moyenne entre 125 et 130 personnes (bon en fait je dois être associale ;-)

[... Reste à savoir si les sites sociaux repoussent cette limite ou ne font que la refléter ? Avec combien de personnes sommes-nous capables d’entretenir des relations actives ?

“Quand nous décidons d’accorder notre confiance ou pas à quelqu’un, d’en faire notre ami, nous avons besoin de lire le langage du corps et de nous intéresser à tous les signes non verbaux. Pourquoi cette confiance est-elle importante ? Parce que, inconsciemment, nous jugeons souvent notre investissement par sa réciproque potentielle. Si nous payons une bière à quelqu’un, nous voulons être sûrs qu’à un certain point, il nous payera une bière. C’est l’essence de la confiance”, explique Gord Hotchkiss. Le professeur Will Reader de l’université de Sheffield n’a-t-il pas d’ailleurs remarqué que 90 % des “amis Facebook” que nous considérons comme “proches” sont des gens que nous avons un jour physiquement rencontrés.
Mais le vrai intérêt pourrait être ailleurs. Pour Gord Hotchkiss, le plus intéressant dans les sites sociaux, est qu’ils permettent de prendre contact avec des connaissances de connaissances. Et c’est peut-être en cela qu’il nous aidera le plus à changer nos relations sociales. Notre graphe social en soit n’est pas intéressant (car limité), mais c’est accolé à ceux des autres qu’il révèle son potentiel. ..]

Commentaires

Yvonnic a dit…
Pour rejoindre votre propos, à voir sur Kotkot, actuellement, la référence à un article sur "les 10 propriétés de la force des coopérations faibles". Les auteurs y donnent les raisons de la réussite (disons le succès mediatique, ce qui est différent)des plateformes relationnelles.

Ils considèrent notamment que : Les “amis” ne sont pas forcément des amis. Parmi les différents signes identitaires qu’affichent les participants sur les sites du web 2.0, la liste de leurs relations (contacts, amis, etc.) constitue l’un des principaux vecteurs du développement viral des usages. Cependant, le carnet de contacts affiché sur ces sites est extrêmement divers, multiple et proliférant. Tous les “amis” ne sont pas des amis et il importe pour comprendre les différents usages de ces plateformes d’être attentif à la diversité des formes de capital relationnel qu’accumulent les individus. Par exemple, sur Skyblogs ou Facebook, les participants affichent de petits réseaux de contacts qui sont principalement constitués de personnes connues dans la vie réelle, alors que sur MySpace ou Flickr, les participants exhibent parfois des listes extrêmement longues de contacts qui, la plupart du temps, ne sont que des “connaissances numériques”.

Ce qui rejoint l'analyse de Will Reader que vous citez, comme quoi "90% des "amis" que nous considérons comme proches sont des gens que nous avons un jour physiquement rencontrés".Le chiffre de 130 amis "Facebook" peut à ce moment être remis en question selon le niveau relationnel supposé acquis dans le terme "ami".

Vous posez la bonne question en demandant: Avec combien de personnes sommes-nous capables d’entretenir des relations actives ? Tout est là, en effet . Si l'on sort de ce que j'appellerais "l'euphorie relationnelle" créée par l'environnement de ces plateformes, que reste t'il de fait ? Je pense que le nombre de relations fortes, voire durables, qu'un individu peut tisser dans un contexte social donné reste assez faible, notamment parce qu'à un moment donné se pose le passage du "parler avec" au "faire avec" ,quel que soit le type de production commune, de projet etc..., ce qui suppose déja un capital de confiance important, la fin de l'anonymat et l'entrée dans un "relationnel de sélection" (vous parlez notamment de réciprocité dans la relation de confiance), qui implique la notion de preuve. Comme disait je ne sais plus qui "Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour". La problématique est identique à un moment du "parcours plateforme". Et je pense qu'au final, de sélection en sélection, on arrive probablement à accumuler un "capital relationnel" réel simplement équivalent à celui que l'on peut developper dans une vie sociale "normale" (hors du web).

Ce qui m'amène à penser que l'apport relationnel de ces plateformes dites sociales ne serait finalement que l'avatar aléatoire d'un fantasme relationnel-fusionnel large qui se développe dans nos sociétés. La juxtaposition d'individualismes n'a jamais créé de lien social structuré, nous le savons.

Il resterait à prouver qu'au moins, à défaut de creer du "lien fort" les plateformes citées ont contribué à créer simplement du lien durable, c'est-à dire aboutissant à des productions communes (productions d'affect ou autres d'ailleurs). Ce n'est pas prouvé non plus.

Le discours des fondateurs des plateformes relationnelles reste étrangement suspect par leur aspect d'autovalorisation mercantile. Nous n'en sommes probablement qu'au début des processus d'évaluation de ces phénomènes, notamment du fait que les sources, les éléments statistiques sont encore trop univoques.

Je recherche le témoignage d'un collègue qui était "sorti" de Facebook,et en parlait de façon assez interessante, mais je n'arrive pas à le retrouver.

Yvonnic
connaissance numérique (?)
Sophie Bib a dit…
Ravie de voir que ça va mieux Yvonnic ;-)
Rendons à César... : comme je le précise au début du post ce n'est pas moi qui ait écrit l'article (hélas) je ne fais que citer [entre] Hubert Guillaud donc l'article m'avait moi aussi interpellée.

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