moules à gateau et vieux chignons

Parce qu'il y a encore des gens qui ne sont pas sur les réseaux sociaux, je mets en copie ci-dessous, une réponse faite à un certain nombre de "remarques" ayant engendrées un débat sur l'un de ces réseaux sociaux, à propos d'un article de la presse locale au titre racoleur : 





(Il est préférable de lire l'article avant ce qui va suivre)

Les remarques, totalement fondées, portaient sur le fait que nous allions, entre autre, perdre notre âme... 
"... J'ai l'impression que nous perdons de vue nos missions premières... Lecture publique*, valorisation des collections, médiation culturelle, démocratisation du savoir etc. (Et je ne parle pas des budgets de plus en plus serrés, qui du coup seront amoindris pour l'acquisition de documents au profit de ces objets). Peut-être un jour serons-nous des centres de rencontres amoureuses, des meetic en dur, et là, oui, on pourra dire qu'on aura vraiment favorisé les échanges entre les gens, créé du lien, fait de nos bibliothèques des lieux hautement fréquentés, the place to be. Pauvres de nous, qui au lieu de résister à cette société du divertissement et de la superficialité nous prenons les pieds dedans...."
La réponse :
 " Alors comme d'habitude la presse focalise sur un point donnant naissance à des réactions disproportionnées ! Si l'article avait été lu, vous auriez lu qu'il s'agit de prêter ces livres qu'aucunes bibliothèques n'achètent parce qu'ils contiennent le matériel pour créer les recettes proposées. Il ne s'agit pas de prêter des ustensiles courants dont l'usage est quotidien, mais des moules dont vous ne vous servirez qu'une fois parce que le moule "Reine des neiges" à un anniversaire, OK mais le ressortir pour une autre occasion, ça va être plus compliqué. 
(Si il s'agissait de kit pour faire des mojitos ou un kit "faire sa bière" aurait-on eu les mêmes réactions ?) 
C'est là une occasion, allez je vais être grandiloquente : de penser à la planète, de partager, de proposer à ceux qui n'en ont pas la possibilité d'essayer... Bref, je m'égare. 
Pour vous rassurer, non je ne suis pas prête à vendre mon âme, je n'aime toujours pas les grainothèques (et je me tais pour ne pas blesser ceux qui y croient) par contre j'ai une vraie aversion pour les boîtes à livres et le jour ou il y aura de la poledance dans ma bibliothèque promettez-moi de m'euthanasier ! Par contre sur les rencontres pour célibataires, dans la mesure ou c'est déjà un peu le cas dans nos bibliothèques... OK, OK j'arrête !
Ce prêt de moules, c'est l'arbre qui cache la forêt (un inoffensif pet de moule) : le réseau des bibliothèques a travaillé sur une série de projets innovants et celui-ci n'est qu'une toute petite partie de ce projet global. Ce qui est réellement sorti de tout ça : c'est que nous avons réfléchi ensemble, avons travaillé ensemble et nous nous sommes lancés ensemble. Alors rien que pour ça je défendrai ce projet qu'au premier abord, je n'aurais pas défendu.(Attendez de voir ce que l'on propose pour la nuit de la lecture, je souris d'avance de vos réactions offusquées)
Nous avons retrouvé un cap à l'heure, où nous sommes sur une corde raide avec d'un côté le vide, de l'autre côté le vide, et en face ... le vide.
 Ce cap, il pourra être corrigé, revu mais au moins il est là, on le tient. Non seulement nous sommes vivants et on parle de nous (c'est ce qui nous rend encore plus vivants, l'invisibilité des bibliothèques, faudra vraiment un jour se pencher sur le phénomène).
Nos usagers savent que l'on existe, mais si ces nouveaux services aident à nous faire connaître de ceux qui ne viennent pas, on ne va quand même pas refuser ? 
Alors oui, campez sur des positions, je ne vais pas dire archaïques (non parce qu'en ce moment on travaille sur le retour des vinyles dans les offres de prêt ;-), mais en tout cas stériles. Pendant ce temps, nous on va continuer à essayer d'avancer pour voir si c'est vraiment le vide qui nous attend. On va peut être se planter. Mais nous ne serons pas rester à attendre, à pleurer nos défunts budgets.
Parce que vous pourrez penser que nous sommes opportunistes, mais c'est plus facile de défendre des budgets, des services, dont nos décideurs ont souvent envie de se "passer", comme, au hasard : la musique, quand la mediathèque est implantée au plus profond des pratiques des usagers qu'elle dessert.
Une dernière chose essentielle : ces projets ne remplacent rien, ce sont des services que nous ajoutons à l'existant, du plus, des services qui permettent d'additionner des publics de niches, parce que les niches tout le monde s'en f... Sauf qu'à la fin cela finit par faire du monde toutes ces niches, un public divers et varié pour lequel on répond à des besoins, des envies, ... Dont nous bibliothécaires devrions tenir compte, parce que c'est un peu notre boulot, non ?"

PS : Paradoxalement moi ce qui m'a interpellé ces derniers jours c'est quand j'ai lu dans un échange sur Twitter, ou certains réfléchissant à ces nouveaux services ont évoqué l'idée qu'ils fallait cesser d'appeler les bibliothèques ainsi.
Dans mon esprit, ça a raisonné comme un "point Godwin", l'heure est grave : voilà on y est si nos lieux ne doivent plus s'appeler bibliothèques, alors nous ? Comment allons-nous nous définir ? Qui sommes-nous ?

Et si je suis courageuse, ce sera le sujet d'un autre billet...



*Je ne suis pas perfide alors je ne relèverais pas l'utilisation de "lecture publique par une discothécaire ;-)"

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